en toi.
ça se déchire, ça s’égosille.
comme des hurlements qui te griffent, te mordent, laminent ta chair abîmée, blessée.

hors de toi.
tu te déchire, tu t’égosille.
tu sais pas pourquoi.
il y avait la clarté de cette lame abandonnée.
elle étincelait au coin de ton regard.
ton regard voilé par ton mal, ton mal qui te ronge, te ronge.
sans que jamais personne ne s'en aperçoive.
tu souhaitais le faire taire.
ta gueule, ta gueule, ta gueule. tu criais.
dans l'obscurité, perdue, délaissée à ta solitude.
parfois, ils passaient. ils te regardaient. ils partaient.
tout simplement.
ils sont tous fous, tous, tous.
toi, tu es leur opposé, leur contraire.
tu es la raison, cette douce voix qui vous murmure des mots précieux au creux de l'oreille.
tu n'es pas folle, tu n'es pas folle. c'est ce que te répètes dans ta tête.
comme une chanson, une douce chanson, amère chanson.
pour oublier la mélodie de l'ancienne.
de celle qui causa ta fin, le trépas de ton âme. (et de la sienne)
tu vagabondes, vagabondes, vagabondes.
il y a cet écho dans ta tête qui te perfore, qui t'assomme.
alors tu vas, tu viens, et tu reviens.
pour finir là où tes mœurs seront soignés, tes plaies pansées.
là où tu revivras.

mais. y a personne. seulement le bruit incessant de la pendule qui claque.
tic tac.
et il y a elle.
tu l'as déjà vu.
ses yeux d'anges, ses yeux éteints.
tu l'as connais.
pas d'ici, pas de cet asile, de cette prison dans laquelle tu hurles.
tu t'assois près d'elle.
et tu la regardes.

pour te souvenir.
aussi pour lui faire peur.
un peu, beaucoup.
t'aimes bien faire peur, provoquer ce frisson chez les autres, chez les fous.

tu saisis ton bras droit et tu le caresses. tu traces ces lettres sanglantes du bout de tes doigts.
remords.


▲ teora

(c) AMIANTE

tu ressens.
les ondulations de sa peur sur ta peau.
ils tremblent, vrillent dans les airs et se déposent sous ses yeux.
ses grands yeux qui hurlent et font des grands gestes absurdes.
ses frissons sont si infimes, et pourtant visibles.
ils tangent sous tes yeux, dansent sous ton regard perfide.
tu ne sais pas pourquoi.
pourquoi tu fais ça.
tu le fais. c'est tout.
tu as besoin de son effroi.
tu t'en nourris, faim avide qui te dévore.
ils sont tous fous, ils sont tous fous. tu te dis encore.
parce que s'ils le sont eux, tu ne peux pas l'être toi.

remords, remords. ce mot qui te hante, assombrit tes nuits, tue le chaos de tes pensées et le rend pourtant plus fort, bien plus intense. comme un feu.
un feu ardent, le feu de la fin, le feu des mots.
elle parle.
dans le vide.
de ce dédain que tu aimerais balayer, effacer.
elle est folle, elle est folle. tu siffles entre tes dents, dans la pénombre du silence. toi seule peut entendre les mots qui s'échappent de tes lèvres.
tu laisses ton doigt tracer les courbes de tes peurs, encore, encore. un peu plus.
tu te sens mieux.
tu ne la quittes pas du regard.
t'en as rien à foutre de ce qu'elle vient de balancer.

tu penses à ses yeux.
à son visage.
tu te souviens.
comme un soupir dans les profondeurs.
murmure abyssal qui t'encombre.
joe, joe, tu devrais la rencontrer. joe, joe, tu vas l'adorer. il te disait souvent.
joe.
joe.
joe.
trois lettres. un visage imprimé sur une photographie.
tu ris. tu ris. tu ris.
où que tu ailles, il est là.
où que tu ailles, il te suit.
où que tu ailles, il t'enserre.
semblable à l'étau de la mort, si fébrile, si sensible. crocs imposants se refermant sur ton cou brisé, infime.  

"joe. tu es joe. il m'a parlé de toi, une fois."

et tu ris.



▲ teora

(c) AMIANTE

elle a peur. peur. peur.
ce mot, ce délicat mot. semblable à l'envol léger et inaudible d'un papillon.
tu ressens la moindre de ses sensations.
tu entends la moindre de ses pensées.
elle est comme tous les autres, tous les fous.
elle ne pense pas différemment, elle ne voit pas différemment.
mais, c'est une bonne chose non ?
de se dissimuler dans la masse, de devenir les autres. de devenir le monde. d'être comme lui, comme eux.
d'avancer tout droit, chemin droit, vie droite. tout en longueur. aucun dérapage. aucun, aucun.
un seul, et c'est la fin.
maman elle te disait souvent "sois normale. normale. c'est simple. tu rases les murs, tu fermes ta bouche, tu t'éloignes du monde. peu importe pour combien de temps, tu abandonnes la lutte et tu fonces dans le mur, s'ils foncent. fais pas comme moi, mon ange. fais pas comme moi."
elle te disait d'être comme le monde, mais de pas être comme elle.
alors t'a choisi d'être comme toi. toi.
la dévergondé, la folle, la désaxée.
teora. teora.
les murmures qu'ils délaissent sur ton passage, ces murmures de feux qui te percutent.
tu les hais. pour tout ce qu'ils représentent.
tu la hais. pour tout ce qu'elle assemble. ces bouts de toi qui se collent, qui se glissent dans ton cœur, qui s'écoulent avec ton sang, qui tourne, tourne, tourne.
elle parle. mais ce ne sont que des mots. des mots qui se collent.
des sonorités inexistantes que nous avons tous appris à comprendre.
comprendre l'impossible, comprendre l'impensable, comprendre l'irréel. des faits immatériels, des vérités dépassées.
tu la laisses se lever.
tu la laisses s'exciter.
se soulever dans son effroi constant.
qui la paralyse et l'envenime.
tu le sais, elle veut pas être ici. elle peut pas être ici.
mais, toi, est-ce que tu l'as jamais voulu ? est-ce que tu l'as jamais pu ?
t'es pas là, pas vraiment. t'es qu'un fantôme du passé, un souvenir oublié qui se glisse sous les regards.
tu es morte avec lui.

" mon frère."

et tu dis son nom. tu dis son nom, tu en trembles.
tu as peur.
peur de la vérité, peur de tes émotions.
alors, une nouvelle fois, tu te caches derrière ton rire.
ton rire amère, ton rire fou, ton rire si faux, si flou.


▲ teora

(c) AMIANTE

son nom. son nom.
c'est comme une prière.
comme si tu priais le soleil d’atténuer sa clarté.
comme si tu priais le monde de ne plus exister. avec lui. et avec toi aussi.
comme si tu priais les étoiles de ne plus briller.
comme si tu priais la terre de ne plus tourner.
blue, blue, c'est un ouragan.
de sensations qui te retournent, en avant, en arrière.  
dans tous les sens, de tous les côtés.
tu vois blue, tu dors blue, tu manges blue.
tu pleures blue, tu cries blue, tu songes blue.
tu vois ses lèvres bleuis par la mort; ou par le froid de la pluie. tu sais jamais.
son visage si bleu, si pâle, translucide, tellement livide.
ses yeux bleus océans t'inondent également.
ton frère, il est tout bleu, il est tout blue.
il te fout des bleus impossibles, des bleus à l'âme. qui t'font mal, qui te tuent. petit à petit.
un jour, tu crèveras comme lui. tu crèveras comme blue.
tu seras glacée par l'hiver, glacée par la vie, la mort et tes remords. qui t'inondent. te poussent au pire, dans les ravins de la fin.
tu tombes, tombes. sur son corps, sa dépouille. son sang.

tu tournes tes yeux océans sur elle.
tu aimerais pleurer. tu aimerais pleurer parce que tu sais.
tu sais qu'elle te haïs. qu'elle te haïra encore plus.
mais.
personne.
ne.
peut.
te.
haïr.
autant.
que.
tu.
te.
haïs.

pour ce que tu as fais. pour ce que tu fais. et pour ce que tu feras.

"il s'appelait blue. blue lowe. "

tu ne ries pas. tu ne peux plus.



▲ teora

(c) AMIANTE

t'as dis son nom. tu l'as murmuré, caressé du bout de ta langue.
doucement, si doucement.
promesse envolée.
rêves brisés, fracassés.
comme un soupir, un soupir trop fragile, trop sensible, pour être hurlé.
seulement murmuré, soupiré. regardé.
blue, partout. blue, tout le temps.
un éclair est passé dans son regard.
un éclair, un sourire, une vie.
elle l'a comme fait revivre.
au travers ses yeux en délires, tu l'as revu rire, sourire, parler.
il était de nouveau en vie.
elle ne sait pas.
pas encore.
qu'il ne peut plus. rire, sourire, parler.
il ne peut plus même pleurer.
il ne peut plus rien. comme toi.
vous en êtes au même point. dans la mort, tu ne peux plus rien.
tu souris pourtant.
tu souris parce que c'est beau de le sentir revivre.
le temps d'un instant, d'une seconde.
un moment qui palpite sous tes yeux, un moment qui étincelle, qui explose.
et qui s'éteint.
c'est la fin.
de cette vie retrouvée.
de cette vie que tu enserrais.
entre tes mains de fées, tes mains brisées.
par la triste réalité.
tu es émaciée par le temps, par ta folie, par tous ces cris.
par ce bleu. et ce rouge qui vint trahir ce ciel si beau.

il est mort. encore.
et ça fait mal.
comme un feu qui s'éteint dans la nuit noire.
une nouvelle fois, tu es perdue dans l'obscurité des flots.
tu nages. et tu coules.
tu ne souris plus. tu ne ris plus.
tu écris une nouvelle fois.
remords. avec ton sang.

" quand on est mort, on ne s'appelle plus."

tu dis tout simplement. tout doucement.

▲ teora

(c) AMIANTE

il est mort.
dans sa tête, dans la tienne.
il ne reviendra plus.
c'est beau, c'est triste.
mort.
c'est un mot si fragile. quatre lettres qui se balancent, que tu assembles.
ce n'est qu'un mot et pourtant.
il fait tant de mal.
toute cette douleur qui t’oppresse.
marqué au fer rouge sur ta peau.
ta chair est laminée par sa présence.
comme un tourbillon, une tempête, un blizzard.
comme le chaos des matins, le chaos des nuits.
comme vos faux sourires.
tu t'emmêles.
tu ne sais plus ce qui est, ce qui n'est pas, ce qui est peut-être.
qui sait, tu es peut-être morte.
et lui en vie.
elle morte, et nous en vie.
oui, c'est ça.
tout va bien. tout va bien.
ce n'est qu'un rêve, un mélange des sonorités, des couleurs qui se ressemblent.
sa chemise n'était pas rouge. elle était verte. seulement verte.
il n'était pas bleu comme l'hiver. il était rose, rose, si rose.
il n'était pas mort, il dormait.
il s'est réveillé.
oui, oui, crois y.
mais.
il.
y.
a.
son.
sourire.
éteint.

celui de la belle loin de toute cette folie.
loin de toute cette mort qui t'oppresse.
elle n'a jamais souffert.
elle n'a jamais connu ce sentiment de manque, ces remords qui te broient, qui te tuent.
un jour, tu en mourras.
de cette culpabilité d'avoir abandonné la balle dans les airs.
de l'avoir laissé s'égarer dans sa poitrine.
tu veux qu'elle s'en aille, tu veux qu'elle s'en aille, tu veux qu'elle s'en aille.
tu veux lui dire, adieu je m'en vais. je m'en vais. je m'en vais.

mais, tout ce que tu peux dire pour te justifier, tout ce que tu peux dire une fois ancré dans la réalité, ce sont quatre mots qui se suivent. quatre mots bateaux, quatre mots qui chavirent sur les vagues de ton âme.

" c'était un accident."

et les vagues sont si intenses qu'elles se transforment en pleurs.
larmes qui roulent,
roulent,
roulent sur tes joues.

▲ teora

(c) AMIANTE

réponse perdue désolé pour ceux qui voulaient lire; j'ai cliqué sur le mauvais bouton et pouf plus de réponse
▲ teora

(c) AMIANTE

y a des éclairs dans ta tête.
ces pensées qui se répètent.
tu vois tout noir, tu vois tout flou.
tes larmes brouillent le tout.
t'es transcendé par ta peine.
transcendé par son regard de braise.
cette haine qui te bouffe.
t'es fêlée, dévergondée.
t'es au dessus des nuages, au dessus de l'espace.
par ta folie, ta douce folie qui t'envahie, vrille en toi, ondule sur ta peau, ton cœur, ton âme.
tu es un ange des enfers.
tu es un démon du paradis.

tous ces contrastes qui te définissent.
tu es un tout, et un rien à la fois.
tu es cette larme qui vagabonde,
cette voix qui s'envole,
ce regard qui s'affole.
tu es, tuer.
tuer ta démence.
tuer ces paroles.
qui te tranchent, te brisent, t'assassinent.
tu la vois partir.
te tourner le dos.
à toi.
toi.
elle ne peut pas.
te quitter sur ces mots, ces mots rasoirs.
tu hurles, tu hurles, tu pleures.

tu vois la corde qui pend, pend.
ton cou semble y être ajusté.
parfaitement.
comme si tu étais né pour elle.
mais.
mais.

tu ne fais que pleurer. que crier.
tu n'auras jamais, jamais le courage de t'élancer vers elle.
avec lui.

parce que tu es sacré, parce que tu es en vie.
▲ teora

(c) AMIANTE