Tu avais criée. Fort. Très fort. A en perdre haleine. A s'en casser la voix. Tu avais criée comme tu ne l'as jamais fait auparavant. En ça te faisait du bien. Vachement du bien.
Alors tu as recommencé. Encore. Et encore. A peine avais tu le temps de reprendre de l'oxygène que tu criais à en cracher un poumon. Poumons que tu utilisais pour autre chose que de les teindre en noir avec tes clopes. Poumons qui sentaient autre chose que de la nicotine. Poumons qui respiraient. Tu respirais. De l'air délicieusement frais. Limite froid, mais agréable. Tu aimais lorsque le vent soufflait sur ta tignasse chocolat. Cela permettait à ton cerveau bien remplir de se rafraichir, de se vider, de respirer lui aussi. Tu te sentais libre Lysenne, tu te sentais vivante.
Alors sur le sol froid de cette grotte, tu t'es assise. Contemplant le village paumé où tu étais de haut. Tu ne pus t’empêcher de rire. Qui aurait cru un jour que tu aimerais te trouver ici, à regarder avec émerveillement cette ville que jadis, tu haïssais. Qu'autrefois, tu voulais quitter aussi vite que possible et qui maintenant te sembles indispensable ? Personne. Et c'est beau Lysenne. Terriblement beau. De voir que tu n'es pas venue sur cette montagne pour t'y jeter comme tu avais déjà essayer de le faire.
C'est beau de voir que tu as changée...
Ou du moins que tu arrive à le faire croire.
Tu t'es levée, tu t'es approchée du bord de la falaise et tu te mis à observer le bas avec stupéfaction. Tu es si près du but, si près de la mort. Si près des anges, si près du ciel.
Tu n'as pas changée Lysenne. Tu veux toujours mourir.
Tu n'as pas changée Lysenne. Même si c'est ce que tout le monde pense.