jour un. la petite serre les dents pour ne pas crier. des doigts glacés courent sur sa peau. ceux de son oncle. territoire inexploré, vierge de toute intrusion, bientôt souillé par des tiges de chair s'appropriant son intimité. chut, souffle-t-il, embrassant les clavicules de la gamine. une lueur perverse traverse les yeux du vieillard, ses vieilles billes, usées par le temps. elle reste docile, mais paniquée. les larmes perlent aux coins de ses yeux. pourquoi? il la soulève. elle, son corps frêle, cet être fragile, la pose sur la machine à laver, comme un objet. elle s'accroche, le repousse, avec sa force de mouche. mais boris sort son vieux membre défraîchi, tendu, tant bien que mal. oncle boris, espèce d'enculé. il force, cherche la clé du tiroir. ça ressemble à un espèce de grand écart, mais c'est loin d'être un jeu. gémissements de douleur, cris de détresse, étouffés par une main crasseuse. coup de bassin foireux. louve ferme les yeux.

jour cent, jour sans. devenue muette, elle remonte ses manches. elle est devenue sauvage. elle ne répond plus de rien. louve veut hurler, elle a tellement de chose à dire. sur ce qu'il est arrivé tout à l'heure. hier soir. et la semaine dernière, aussi. et une infinité de fois, parce que boris vit à la maison, maintenant.

un jour plus tard. boris a fait sa valise. il quitte le domicile, avec son éternel sourire pervers. comment cet homme ose garder la tête haute? la douleur est toujours présente au creux de ses reins. elle est marquée, souillée. elle a perdu possession de son corps, désormais, elle s'enferme dans sa chambre. elle pleure, encore et encore. ordure. ce mec n'est qu'une ordure.

jour mille. un peu moins de trois ans après les faits. chaque repas de famille est un enfer où les faits se réitèrent. le démon fouille les entrailles de la jeune fille avec son dard. cette fois sera la dernière. la prochaine fois que les rouet se réuniront autour de ce bon vieux boris, son corps sera froid, et sans vie.

louve et oncle boris s'entendent à merveille depuis qu'elle est toute petite, on va les mettre côté à côté pour le dîner.

idiots. sous-merde. louve sourit, elle crache mentalement des insultes, des insanités toutes plus belles les unes que les autres. quelle merveilleuse idée. elle croise les jambes, très très fort. ses doigts font des vas-et-viens sous la table. louve ne dit pas un mot. elle a le cœur au bord des lèvres. ses parents rigolent de bons cœurs, aveugles. mouvement brusque, ils quittent la table. chemin habituel. toujours la même machine à laver. elle attend, impatiemment, les mains dans le dos.

elle entend ses pas lourds sur le parquet. le moment est arrivé. la porte s'ouvre. il s'approche d'elle, comme un prédateur. sans même se douter de ce qui brille derrière la jeune fille. boris s'arrête à quelques centimètres des lèvres de la gamine, la douleur lui arrachant un cri sourd, étouffé. le couteau s'enfonce dans sa chair, son sang gicle. louve garde son regard plongé dans le sien, et elle reste immobile. sans un mot, elle le regarde mourir. plus aucun homme ne posera ses doigts sur elle. elle a perdu confiance. en elle, en vous autres. la lame se retourne contre elle, grattant ses veines. heureusement, ou plutôt malheureusement, papa et maman sont plutôt réactifs sur ce coup là, intrigué par la mare de sang passant sous la porte. elle a tué boris. elle a tué un monstre.

sauvée, mais coupable.  

je m'appelle marie, j'habite en haute-normandie, je suis en première l. j'aime la littérature, j'aime jouer avec les mots. j'ai découvert le forum par le biais de sa demande de partenariat. le forum est beau, il m'inspire. adoptez-moi.     Code: [b]anaïs pouliot[/b] louve rouet

   

vidée.
je ne ressens plus rien.
plus rien que le néant.
plus de sentiments.

une humeur changeante, il n'y a que la douleur, mes nerfs, ceux de mon épiderme.
une épine dans pied, mes poings tapant contre les murs. besoin de souffrir pour ressentir. 

ils ne me plaisent pas.
l'humanité est un monstre.
personne ne m'approche, personne n'obtient ma confiance.
ils sont tous laids, laids de leur nature humaine.
et quand bien même certains ont de beaux masques,
je ne veux pas savoir ce qu'ils cachent en dessous.

même celle qui m'a portée, m'a chérie, m'a élevée, m'a nourrie,
elle aussi, m'a laissé se consumer entre ses doigts,
comme un torchon de mots désordonnés.
ma mère m'a abandonnée dans ce dur combat.
j'suis seule, cruellement seule.
terriblement seule.