Elle avait dans les mains une petite allumette et elle alluma l’incendie sans la moindre hésitation. Ce fut un brasier magnifique. Tout flamba.

Ils comprennent pas.
Ils disent que je suis dangereuse.
Ils comprennent pas que la flamme, elle fait moins mal et elle est plus belle en vrai que dans ma tête.
Ils disent que je vais faire du mal, mais c’est pas vrai.
Ils comprennent pas que je le fais pas exprès.
C’est pas ma faute.
Il y a un feu immense qui s’est allumé à l’intérieur de moi.
Il suffit d’une étincelle,
une étincelle,
et tout brûlera.


Katya sage pâle mignonne gentille jolie
presque enfant rose à peine éclose  
fleur à protéger à sauver à admirer à arroser
innocente petite fille pas encore grande.

Non non non.
Non.
NON.
Ce n’est pas moi.
Ils se trompent.
Ce n’est pas moi.

Katya fille-incendie.  
Katya et son nom goût d’ailleurs.  
Katya et ses seins blancs à croquer.
Katya et ses yeux océan ou mare bou(d)euse.
Katya et ses étoiles perdues sur la peau avec une solitude parfaite.
Katya dont le prénom chante autant que les promesses qu’elle ne tiendra pas.
Katya flamme dansante qui fait miroiter le plus beau quand elle n’a rien à offrir.
Katya noire de cendre mais à l’intérieur seulement la peau presque blanche.
Katya bougie tremblante presque vacillante dans le vent courant d’air.
Katya effacée dans leur blanc fade neutre fichue tiédeur.
Katya lèvres rouges yeux de chat cheveux cascade.
Katya immense sauvage à la lueur du feu de joie.
Katya envolée dans les flammes.

Même elle, qui se meurt d'être feu.

je suis quelqu'un qui aime bien les vagues et la poésie et les étoiles. je vous espionne depuis quelques jours et vos mots me font rêver, alors me voilà.     Code: [b]tanya katysheva[/b] (katya żar)

   

J’ai allumé un feu.
Il était immense dans ma tête,
Il dévorait mes pensées.
Il fallait que je m’en
débarrasse.
Il fallait le
laisser sortir.
Il y avait un briquet sur le bord de la fenêtre,
un briquet tout con,
avec le dessin d’une fille à poil dessus,
c’était moche,
Pourtant, j’aime bien les filles, moi,
de toute façon j’aime pas les briquets,
ça manque d’âme un briquet,
mais il y avait ce briquet à la con sur le bord de la fenêtre,
ce briquet que j’ai ramassé par terre dans la rue sans même savoir pourquoi,
et il a craché une flamme.
Elle était belle la flamme,
moi je savais pas quoi en faire,
mais la flamme, fallait pas la perdre,
elle était trop belle, fallait pas la gâcher,
la flamme elle était là,
et mon lit d’enfant de petite fille
chemin tout tracé, cheveux tressés,
petite fille sage,
petite fille qui n’est pas moi.
J’ai allumé un feu.
Maman a dit tu es folle, qu’est-ce qui t’a pris,
Papa a dit tu ne peux pas rester là,
mais il n’y a plus de chez nous,
la maison partie en fumée.
J’ai allumé un feu.

Je ne sais pas.
laisse-moi laisse-moi laisse-moi
Je ne sais pas.
(elle répète, elle bute sur les mots, visage fermé, yeux éclairs)
Je ne sais pas je ne sais rien j’ai oublié je n’ai jamais su.
je ne veux pas te le dire,
je ne veux pas dire les tremblements,
le vertige,
la peur,
la peur
de se laisser glisser
envahir
mourir
là
dans les
flammes.
je ne veux pas,
ce n’est pas toi,
ça ne t’appartient pas,
c’est à moi,
tout au fond,
à moi,
je me perds dans les flammes,
ça fait comme une tempête,
un incendie à l’intérieur de ma tête,
ça ravage tout,
y a plus rien à l’intérieur,
fumée-noire cendres-épaisses,
j’existe plus,
je suis rien sans les flammes,
mais dans les flammes,
je suis rien non plus.
alors il faut que les flammes sortent
avant qu’elles ne me
dévorent.

La vie, la vie, c’est vaste la vie.
La vie, la vie, c’est quoi la vie ?
La vie, la vie, vous n’avez que ce mot-là à la bouche.
(elle tourne la tête, yeux perdus, la fumée d’une cigarette entre les lèvres comme une invitation)
Si c’est quoi la vie, c’est quoi la mort c’est quoi l’espoir c’est quoi le noir ?
La vie, je l’ai perdue.
Elle a dû m’oublier en chemin,
je sais pas, un truc comme ça.
Elle a continué à avancer, elle a oublié de se retourner,
et paf,
elle avait déjà disparu,
et moi derrière toute seule.
Elle m’a abandonnée, la vie,
dans ce ni-là ni-pas-là,
ce tout et rien,
cet endroit qui n’existe pas
mais qui aspire la vie
au point qu’il n’existe plus que lui.
(elle murmure d’une voix de velours usé)
La vie c’est une allumette.