« elle avait l'air triste et pas jolie, alors je lui ai offert un sourire. »
promis promis c'était pour être gentil, et peut-être aussi pour avoir une amie.
c'est pas comme ça qu'on fait ?
c'est pas comme ça qu'on sourit ?
une demie lune sur le visage, un long trait à gauche, un plus fin à droite. jusqu'aux oreilles.
je jure que maintenant c'est la plus belle
d'accord c'est un peu brouillon, mais regarde toutes les étoiles qu'elle a dans les yeux. non non elle pleure pas, non non elle sanglote pas. t'as pas compris ? c'est son nouveau rire, un rire un peu plus cristallin, un peu plus enfantin, parce que maintenant elle sait qu'il faut sourire et faire ce que je dis.
elle a du rouge sur les lèvres aussi, puis du rouge plein les joues aussi, c'est plus jolie que sa peau toute blanche, et ça va bien avec ses longs cheveux blonds.

non non moi j'utilise pas les mots. c'est trop dur les mots. ça a beaucoup trop de sens, beaucoup trop de secrets cachés, c'est compliqué à manipuler. les mots c'est pour les grands, moi je fais juste des sourires.
des sourires avec mes lèvres, des sourires avec les yeux.
et parfois je ris, parce qu'à moi aussi, il m'arrive d'être heureux.

et c'est triste le bonheur quand on est pas deux.

je le promet, chloé ce sourire elle le voulait.
peut-être pas de cette façon, peut-être juste avec une conversation.
oui d'accord peut-être qu'elle a eu mal, mais c'est douloureux le bonheur, on est heureux seulement quand on a croisé son contraire.
au détour d'une ruelle, au détour d'un lieu, dans un conversation, dans une relation.
chloé m'a croisé moi.

mais d'accord promis, la prochaine fois, son sourire, je le dessinerais du bout des doigts, pas avec un couteau.

parce qu'elle voulait un sourire, un vrai ? et que les caresses ça reste pas. c'est du vent, tout comme les promesses. son sourire il est toujours là, même quand ses lèvres sont tristes. je lui ai offert un bout d'éternité avec mon couteau.

je sais plus trop, c'est tout flou, tout embrumé, comme quand on se retient de pleurer et qu'on voit plus rien. mes souvenirs c'est ça, y a un voile dessus, de tristesse ou de poussière, j'arriverais pas à définir. je me souviens juste de ça : je voulais lui faire plaisir. pour être sur qu'elle ne parte pas comme toutes les autres. et j'étais persuadé que c'était la bonne solution.

j'ai plus le droit d'avoir de contacter avec elle, de l'approcher, de lui parler .. je voulais la voir à l’hôpital, juste pour m'excuser. pas m'excuser de ce que j'ai fait, non non non, m'excuser que ça fasse si mal, et lui promettre que plus tard, ça irait mieux. c'est ça que j'aurais voulu lui dire. et maintenant ? c'est à cause d'elle que je suis ici, parce qu'elle a pas aimé mon cadeau. alors peut-être que si je la voyais, je rattraperais ce que j'ai fait : en lui dessinant un sourire triste.