Je grave sur un roc l’étoile de tes forces
Sillons profonds où la bonté de ton corps germera
Ciel de feuilles sombres qui murmurent entre elles sous nos têtes – j’ai l’impression qu’elles se moquent de nous, de nos gueules défaites (faudra les refaire demain au réveil), qu’à chacun de leurs frissons elles tremblent en fait de rire. Je m’agrippe plus fort à ma Louve (guide-moi dans le noir, j’connais que le blanc, moi, que la blanche). Fatigue cocaïnée des pieds à la tête, même dans ma bouche qui bouge pour faire des mots qu’existent pas. J’veux dormir, que j’essaye de dire en ce langage connu de moi seule, par terre dans la boue j’m’en fous, j’veux m’coucher plus jamais m’réveiller. Crever dans la nuit qui m’ravive le vice. J’entends des craquements, des hululements, j’crois voir plein de trucs qui rêvent de nous bouffer. « Louve... Louve... », je balbutie de mes lèvres lourdes. « J’suis toute dégueu’, non ? » Flash de mon reflet, le charbon barbouillé tout autour de mes billes glacées-exaltées, le rouge étalé par les lèvres goulues d’un inconnu aux traits qui divaguent. Abandonne-moi là, vas-y, pourquoi tu m’suis, pourquoi tu m’apprécies, je t’apporterais jamais rien, t’accroche pas à moi, lâche-moi contre un arbre et trace ta route, bête sublime dont les grognements amers font écho aux miens, cours hurler à la lune. La nuit m’a volé mes cris à moi.