De la joie.
Des fois tu prends conscience que tu respires. Tu te dis que ça fait du bien. Tu te dis que c'est rien mais après tu sais que c'est tout. Ce sera tout pour aujourd'hui oui, merci. Tu inspires. Et tu souris. D'un sourire de folle à lier pour ceux qui te connaissent autant que pour les inconnus que tu as pu croiser dans la rue.C'est chaud quand même. Un voile s'est enlevé de devant tes yeux et t'a pleine conscience de respirer. De vivre. Bonjour, je suis en vie. Alors t'aimerais sauter sur un passant et te mettre à danser avec lui comme une dingue uniquement parce que le ciel est bleu, parce que tu fais partie de 7 milliards de personnes en vie sur cette Terre et on ne compte pas les cadavres. C'est beau de te voir briller tout plein de fois aux brasiers des premières fois, ton âme lourde qui s'envole et tu te réinventes gamine, et tu te réinventes jeune avec un cerveau en état avant que tout parte en couille.

Avant que tout parte en couille.
Qu'est-ce qui s'est cassé en toi ? Quelle pièce du mécanisme ? Ça fait greling greling quand tu t'agites dans tous les sens comme tu le fais si souvent alors que tu distribues juste des sourires. T'es abnégation. Tu donnes tes électrons libres, tu distribues ton énergie au moins offrant de préférence. C'est peut-être une prise de conscience aussi, remarquer que les liens entre les gens sont surfaits et au contraire pas assez faits. On est tout seuls chez nous et ça te fait tellement peur que t'as un peu perdu la boule en dedans. Seulement en dedans. Attends de voir les dialogues. Qui t'as fait ça tu te dis ? Tu sais plus, t'as préféré oublier. Il vaut mieux oui. Il n'en a même pas eu conscience qu'il t'avait percé les paupières à grands coups de couteau et qu'une fois que le sang s'en est allé tu as vu pour la première fois de ta vie de ta vue. Mais voilà il est tard et ça fait encore greling greling en toi et t'aimerais bien qu'on t'explique pourquoi qu'on voit ton regard de perdue libé-taire et qu'on passe à travers la pseudo joie. T'aimerais qu'on creuse en toi.

T'aimerais qu'on creuse en toi.
C'est ça en fait. Un besoin d'attention. Tu vois les âmes des gens déjà toutes dans leurs tombes un immense cimetière et de temps en temps les corps se baladent et prennent la pelle à côté de la pierre tombale parce que l'épitaphe les attire, le livre d'or laissé par les anciens et ils creusent. Ils décident de creuser pour déterrer une âme la tienne. T'attends que quelqu'un prenne ta pelle et tu te demandes si la tienne n'est pas assez dorée et décorée par rapport aux autres. Ton corps veille sur l'herbe fournie à ton âme. Et voilà, tu voudrais plus être toute seule assise sur ta pelouse.
Sauf qu'une fois tu n'es pas restée inactive. Une pelle, ça fait une bonne arme pour tuer quelqu'un. T'as voulu creuser une tombe et enterrer le corps avec l'âme rejoindre les deux morceaux du puzzle -- peut-être attirer l'attention. Ça a marché et ça t'a emmené ici. De l'extérieur c'est étrange parce qu'on dirait pas que t'as ta place ici. Mais si un peu. Beaucoup. Passionnément. A la folie.
Peut-être que quelqu'un l'a remarqué que derrières tes blagues il n'y avait rien. A quoi bon faire de l'humour si on n'en profite pas soi-même ? Peut-être que quelqu'un sait que tu n'en profites pas.

D'un côté tu aimerais bien. Tu aimerais bien qu'on te soigne la pièce cassé pour que l'horloge tourne à nouveaux comme avant la Grande Débandade.



Extrait du dossier psychologique d'Ewelina Van Ad:
Intense complexe d'Electre (attirance amoureuse envers son père).
5 ans plus tôt, mort dudit père.
Depuis, projette cette image paternelle sur le petit frère, encore en vie. On peut parler ici d'un déplacement.
Entre en conflit avec la figure morte et l'enfant encore en vie.
Eros et Thanatos se mélangent dans son ça.
Pour mettre fin au conflit destructeur car lui fait arriver à un état limite, tue le petit frère.
Plonge par la suite dans un état psychotique intense ; névroses et compensation.

Le fait que ce soit le passé. On vit pendant une seconde et dejà elle n'est plus la même et le temps passe à une vitesse vertigineuse, vitesse mesurée par un atome radioactif ; le temps est empoisonné. Si le futur est imprévisible, le passé lui est définitif. Tu as peur d'oublier ces instants, toutes ces secondes dans lesquelles tu as respiré. Tu as peur de ne pas avoir profité de tout. Tu as peur d'oublier, tout, depuis le début et te réveiller nouveau-né dans un hôpital dont le blanc fait mal aux yeux.
« J'essaye de vivre au maximum au jour le jour. Alors pour ça, j'évite de penser au passé (et ça sonne bien d'ailleurs, penser au passer le passé aussi perfide qu'un serpent super rapide). Alors je ne porte pas de montre, comme ça j'ai pas de trotteuse qui me tic-tac à l'oreille pour ne pas à avoir à entendre le boum. Joyeuse seconde en passant, au fait. Puisse la prochaine être super aussi. »

D'un côté tu aimerais bien. Revenir à zéro et tout oublier, te faire une nouvelle vie quoi. Un nouveau corps, un nouveau personnage, un nouveau cerveau pour de nouveaux souvenirs et surtout des yeux tous neufs pas encore pervertis. Ou ouverts.
D'un autre, tu ne saurais pas vraiment quoi changer en premier. Faire une ctrl+a+suppr ce serai beaucoup mieux.
« Je préfère aller au bout de cette vie. J'y suis depuis maintenant 16 ans et ça fait déjà trop longtemps pour rebrousser chemin maintenant. J'aimerai bien me dire que j'ai ainsi fait déjà la moitié de ma vie.Enfin je dis ça mais mourir à 30 ans je sais pas si c'est vraiment cool. Au pire, on verra bien. Tu sais, le futur c'est imprédictible. »

Sombre.
« Je me retrouve coincée ici dans un petit coin de paradis un peu comme une brochure pour les meilleures vacances du monde. Il a tellement de têtes d'enterrement dans les couloirs ici que je vais devoir mettre un sourire sur ces visages. D'ailleurs tu veux connaître ma blague préférée ? C'est l'histoire d'un pingouin, il respirait par le cul, un jour il s'est assis et il est mort. »