Devious heights ♦ Teora Lowe

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just look at the sky and try to denied god ♦ with Teora Lowe

Je voulais voir le monde d'en haut. Revoir se coucher le soleil au plus loin de l'horizon. Voir la lumière échapper au monde, abandonnant la terre à un crépuscule salutaire. La dernière lueur avant que la nuit n'arrive. C'était beau. Te souviens-tu des escapades sur les toits où, l'un contre l'autre, on observait le soleil s'endormir ? Ce n'est pas un instant que je veux apprécier seule. J'ai besoin que tu sois à mes côtés. Mais tu ne l'es pas. Sont-ce ces médicaments qui assomment mon cerveau et m'empêchent de te voir ? Ou bien parcours-tu le monde de l'au-delà ? Tu as toujours été curieux, rêveur. On prévoyait de faire le tour du monde, t'en rappelles-tu ? J'aurais voulu faire ce voyage vers l'autre monde avec toi. Sauter comme je t'avais poussé. Ou simplement laissé mon corps tomber, ne pas lutter, me laisser happée par la gravité. Newton, envole moi. Je serais ton oiseau qui choie, ta pensée guidée par les lois de la physique.

Depuis cette chute vers Dieu, on m'a interdit d'aller dans les hauteurs, on m'a cloisonnée : des barreaux et plus de toits. Pourtant, l'altitude, j'aime ça. Prendre de la hauteur, rendre le reste si petit et insignifiant, se croire grand et être confronté à l'immensité du monde, de l'univers. C'est une sensation salvatrice qui m'apaise ; un sentiment de liberté. Loin des contraintes de la vie à Praesidium. Le versant de la montagne nous offrait un peu de cette liberté, mais c'était plus à des fin d'isolement que d'évasion... Et il m'arrivait souvent de penser à m'évader. Quelques heures, quelques jours. J'avais fait plusieurs tentatives à mon arrivée. Une entrée en rang 4 m'avait calmée. Je ne supportais que trop mal l'isolement. On dit que je deviens folle, que j'entre dans une transe et un mutisme qui pourraient nuire à ma santé. Je me suis calmée, depuis. Mais je reste rêveuse.

Marchant vers le dernier groupe de soutien qui m'était imposé, je croise Teora. Ô douce et sauvage Teora. Un sourire de malice traverse mon visage insipide. D'un regard malicieux, je l'intercepte. Elle était un oiseau fougueux et intrépide. Elle pouvait être ton image pendant quelques précieux instants d'air frais. J'ai un groupe de soutien qui va t'intéresser, lui murmurai-je d'une voix taquine. Suis-moi, proposai-je en sautillant deux foulées pour prendre la direction de la cour. Il était 18h et quelques minutes insignifiantes. Bientôt, le soleil rencontrera l'horizon. Il faut se dépêcher. Les cours classes sont terminées, quelques cours secondaires et des groupes de soutiens débutaient, mais je m'en fichais. Une note en plus sur mon cahier si jamais on se fait prendre, pas de quoi me rétrograder. Concernant Teora, elle y était déjà. C'est peut-être ce qui lui donnait cette envie de toujours faire ce que bon lui semble sans prêter attention aux règles. C'est cette témérité qui m'avait impressionnée chez elle, comme bien d'autres choses. Sournoisement, nous nous dirigeâmes vers le mur d'escalade. L'air se rafraîchissait, c'était vivifiant. Je m'arrêtai, me tournant pour voir ma camarade.

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Et je suis là près d'eux, vivant encore un peu, tuant le temps de mon mal, tuant le temps de mon mieux.

tu avances. avances. encore, encore.
automatisme qui guide tes jambes, qui t'entraîne dans la danse. celle du prisonnier, de cette folle qui hurle, qui crie, qui se déchaîne. et qui rie. comme une détraquée, une aliénée.
tu es ces mots qu'ils abandonnent sur leur chemin, ces mots durs qui tétanisent ton cœur, qui empoisonnent tes ardeurs.
au fond, tu ressens toutes ces émotions qui tourbillonnent.
qui s'emmêlent autour de tes bras, de ton corps, ton cou, ta chair. et qui serrent, serrent jusqu'à ce que tu en suffoques. et en meures.
jetée sur le bas-côté, mise en pièces et en morceaux.
tu chantonnes pourtant le monde est beau. il est trop beau.
pour vous.
pour eux.
pour toi.

toutes tes pensées se tortillent dans ton esprit désabusé, blessé. tu ne sais plus qui tu es, où tu es.
pourquoi
tu
avances ?
pourquoi
tu
les
suis ?
tous. pourquoi ? tu es libre. comme un oiseau qui s'envole au-delà des cieux, au-delà du monde, au-delà de ces épées tranchantes. qu'ils tiennent tous du bout de leurs doigts, prêts à élancer dans vos cœurs, dans ton cœur.
tu es trop fragile. trop subtile. tu es un fantôme parmi les fantômes.
et tu détestes ça.
tu veux étinceler.
tu veux briller, voler, t'en aller au-dessus des étoiles, au-dessus de leurs corps trop étroits pour contenir ces émotions qui les assaillissent, les tuent, les rongent.
tu veux tout.
tout sauf les suivre, t'abandonner aux préceptes qu'ils t'infligent.

alors.
lorsque cette chevelure fauve glisse sur ton regard.
lorsqu'elle t'engage sur des chemins sinueux, qui se referment, se referment et t'englobent.
tu la suis.
elle.
tu suis l'oiseau de tes rêves,
l'oiseau de ta liberté.
la colombe de tes pensées.

elle s'envole vers ce mur, ce mur si haut, si haut. comme une planète au loin, si loin, trop loin.
mais, tu veux la toucher, la caresser, l'embrasser.

tu te tournes vers elle, la blonde sulfureuse, cette ange perfide.
et tu lui dis:

" allons toucher les étoiles!" ▲ teora

(c) AMIANTE

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La hauteur, cette sensation de sentir qu'en bas, c'est le vide, que la vie ne tient qu'aux prises que tu saisis. Le vent qui souffle sur ta peau, plus fort, plus frais. Est-ce ce que tu as ressentis lorsque tu es tombé ? Quand, à la vitesse que la gravité t'accordait, ton corps volait, suspendu dans les airs qui frappaient ton doux et beau visage ? Je me souviens de tes yeux, ton regard ce jour là. Tu avais un sourire apaisé et un regard qui me remerciait. Oh que j'aurais aimé que quelqu'un me pousse et partager cet instant magique avec toi... J'ai essayé de sauter seule, mais ça ne marche pas. Je n'ai pas cette sensation que tout ira bien une fois en bas. La peur ? J'avais surtout ce doute pesant sur ma conscience : à cette époque je ne voulais pas découvrir l'inconnu toute seule. Aujourd'hui, avec toi qui me guide à chaque instant, c'est plus facile.

Et alors je me tourne vers le mur après lui avoir lancé ce sourire : viens, allons partager un peu de magie toutes les deux. Je l'aimais bien Teora. Beaucoup. C'était un oiseau libre. Libre d'être, libre de penser. Elle avait cette beauté d'esprit qui vous transportait le cœur vers vos rêves les plus fous. Ma source d'espoir et d'énergie. Elle était toi, en fille et vivante. Je pouvais la toucher, voir ses cheveux virevolter au vent, sentir son souffle et ses mots s'envoler à la réverbération de notre environnement. Elle était toi, mais vivante. Ma dose de liberté. Allons toucher les étoiles ! Douce idée qui engagea notre ascension illicite. Un éclat de rire et je monte, je prends de la hauteur, encore, et encore. La montée est dangereuse, la descente le sera tout autant, si ce n'est pire. Mais je n'étais pas du genre à avoir le vertige et encore moins à me poser des questions sur comment le retour se passerait. Je m'arrête un instant, reprenant mon souffle et regardant l'horizon. Un sourire se dessine dans le ciel. Il faut faire vite. Allez, viens ! L'encourageai-je en reprenant la montée. Nous arrivâmes en haut, le rebord du mur était assez large pour qu'on s'y installe, les jambes dans le vide. Regarde Teo, comme le monde et grand et beau, énonçai-je d'une voix douce à ma camarade de folies.

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Et je suis là près d'eux, vivant encore un peu, tuant le temps de mon mal, tuant le temps de mon mieux.

entre les rires et les délires de nos âmes en précipices, tu te hisses hisses, hisses.
tu veux les toucher, ces putain d'étoiles.
tu veux les attraper du bout de tes doigts, sentir leur intensité vibrer contre toi.
tu veux les voir brûler sous tes yeux, tu veux t'enflammer avec elles, tu veux jouer dans le ciel.
tu veux tout.
tu y penses très fort, très fort.
tu le veux très fort, très fort.
alors, tu t'envoles vers elles.
tu sens la force de tes bras te tirer vers l'objet de tes rêves.
tu en oublie ta douleur, tu en oublie ce vide abyssal.
tu songes aux hauteurs, tu songes à glisser tes ailes à la surface du ciel, sous la beauté des nuages.
tu montes, montes.
pourtant, tu as cette impression de désespoir qui t'oppresses.
tu as cette impression de chute.
tu tombes, tombes dans les tréfonds de l'univers.
tu es ce cri qui s'évapore au loin.
tu es cette lueur qui chemine vers la fin.
qui s'épuise, qui faiblit.
tu te focalises sur le sommet.
mais, rien n'y fais.
tu es prise dans cette spirale éternelle.
prise par ce gouffre sous tes pieds.
adieu, adieu.
tu t'éclipses dans les tons mornes de tes sentiments.
ils gonflent, gonflent dans ta poitrine.
tu trembles.
mais, tu continues.
tu laisses tes mains te hisser vers ton effroi, ton effroi si grand, si près.
tu y es.
là, à l'acmé du monde.
au-dessus de tous, au-dessus de ta peur, de tous ces cons qui gisent sur le bitume. de tous ces cons qui suivent le rythme que l'un sème.
mais, toi. toi. tu défies la terre, tu défies leurs voix, tu te défie toi.
elle parle. elle te dit des mots si beaux.
éclairée par les jeux du soleil, elle est aussi radieuse qu'un coquelicot.
tu es émerveillée par ces plaines, ces montagnes, ce lac.
cette ferveur qui boue sous tes yeux.
tu en pleurerais.

" le monde est différent vu d'en haut... "

et alors, dans la fraîcheur des matins, tu gueules tout ce bonheur qui vibre, qui palpite sous ta peau.
▲ teora

(c) AMIANTE

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