ce soir, c'est le soir d'halloween,
on se déguise, on se faire peur
elle a fait un effort eden
pour sortir de sa chambre, sortir de son monde.
la plupart du temps elle regarde les gens passer,
l'ignorer,
exister en se passant d'elle.
elle les déteste tous ces gamins
et puis elle est pas d'humeur
ni à danser ni à fêter les morts.
elle suit le groupe à travers les montagnes
respire l'air frais à plein poumons
et puis là tout près apparaît une vielle maison.
elle sourit un coin, il va arriver un truc
elle le sait, mais elle veut bien jouer l'jeu.
alors les mains dans ses poches pleines
elle rentre d'un pas assuré
et puis elle attend la bonne blague arriver.

alors j'étais là, errant comme un chien sans maître. du ciel, on voyait déjà tomber les feuilles. si légères, et si pesante pourtant sur mon coeur.
le gris du ciel, froid, si froid.
la lourde pluie, froide, si froide.
la fougue du vent, froid, si froid.
pourquoi fallait-il que tout soit si froid avant l'heure ? nos pauvres corps fébriles ne méritent pas de subir cela: nos âmes et nos pensées sont déjà pleines de givre. un givre qui nous a peu à peu recouvert, comme celui qui se dépose sur les arbres en hiver, et qui est si beau. spectacle de blancheur, de douceur. nous, notre givre est aussi noir que l'onyx, et il en émane de la douleur.
alors j'étais là, errant comme un chien sans maître. au milieu de l'automne. automne dont il émane son pesant de solitude. on se croyait dans les paysages des auteurs romantiques. le lac sombre qui s'étendait à mes pieds et se dressait jusqu'aux racines de la montagne, une vieille bâtisse qui s'était laissée ronger par le temps, une fleur solitaire se dressant au milieu d'un désert de feuilles mortes où cela faisait déjà longtemps que ses soeurs avaient périt, et le battement des ailes des oiseaux qui retournent vers de lointaines destinées... je les regardais s'éloigner comme l'on regarderait de vieux amis nous quitter pour de longues années. j'aurais tant aimé être sur leurs ailes. mais à la place, je me trouvais là, perdu dans l'ennui et la quête d'un bonheur ephémère.
alors j'étais là, errant comme un chien sans maître. devant cette maison abandonnée où je n'osais entrer. fêter les morts. illusion. quiconque n'était capable de fêter. pas ici. beaucoup croyaient à un moment de liberté. illusion. il nous regardaient, comme toujours, ils nous observaient de leurs yeux pourris par la crasse de cette pitié inexistante. ils nous croyaient cons, mais ici personne ne l'est. chacun savait qu'on pourrait gratter quelques clopes, ou peut-être même quelque autre substance illicite dont chacun des malades de notre type rêve.
alors j'étais là, errant comme un chien sans maître. et j'attendais. j'attendais l'envie. j'attendais le désir. j'attendais que la bête sente l'odeur du sang derrière la porte. j'attendais. jusqu'à ce que mon corps devienne ce vautour affamé, qui en ouvrant la porte, savait quelle charogne se trouvait de l'autre côté. car cette charogne, elle était plus que présente. une charogne de gosses plongés dans cet amusement fictif. et cette charogne, j'en faisais partie. nous sommes des heureux imaginaires, des joies envoyées dans les airs. on le sait ça, on est pas con, ne l'oublie pas. mais nous on boit, mais nous on fume, mais nous on rit... et p'tet que l'bon dieu prendra pitié des anges aux ailes p e r d u e s.