Une clope entre les doigts, adossé contre un mur, il observe.
Il observe le monde.
C'est un des ces poètes incompris dont la prose n'a pas de place ici bas, personne ne le comprend – il ne laisse personne le comprendre. Un frissonnement gravit le long de ses vertèbres, sa mâchoire claque, le vent frais du matin prend possession de son corps jusqu'à la dernière de ses cervicales. Il soupire.
Il continue d'aborder sur ses lèvres un étirement si délicat, un sourire, insufflé par la chaleur des doux rayons du soleil. Une âme en peine qui semble pourtant heureuse.
Tout n'est que mensonge.
Ses rêves sont engloutis, son cœur n'est plus, derrière ce masque se cache la désolation et la tristesse. Ô combien de fois s'était-il écroulé. Il n'est qu'amertume et rancœur, il en veut au monde.
Alors il se contente d'écrire.
Il laisse glisser ses maux sur le papier, se saisissant de sa guitare pour y glisser quelques accords, quelques fausses notes, mais quelque chose qui vient du cœur. Il le sent, il le vit, il est habité par ses textes et sa musique. Peut être est-ce cela qui lui permet de tenir.
Qui lui permet de ne pas sauter par cette fenêtre.
Silencieux et calme, il erre. Il est partout et nulle part à la fois. Froid. Le parquet grince sous ses pas et votre cœur s'accélère.

Il a mal.

Comment a-t-il pu en arriver là pourtant.
Cette salope. Celle qui se disait lui avoir donné la vie, celle qui disait l'aimer. C'était une épave. Il n'était qu'un bâtard engendré par ses conquêtes d'un soir.
Elle avait encore trop bu ce soir-là, s'était surement enfilée plusieurs rails. Le sang avait coulé.

Le coup est parti tout seul.

Saturé. Il voulait juste sortir de cette galère.

Homme au cœur de pierre, tellement fragile et facile à briser, à la voix cristalline. Il est seul. Il ne veut plus y penser.

Il pleure.

Il chutait, sans jamais s'arrêter, sombrant dans cette douce décadence. Il aurait voulu

ne plus jamais se réveiller.

Lorsque j'écris - ou compose - je retranscris l'écho de mon cœur, ce sont mes maux que je couche sur le papier. Je revis tout simplement mes sentiments et mes émotions, ils m'habitent.

Cela est mon sentiment au quotidien. Partout où je passe, personne ne me comprend. Je n'ouvre jamais mon cœur mais... Au final, est-ce à moi, qui a peur d'être froissé, de faire des efforts ou aux autres de tenter de s'immiscer dans ma carapace ?

Non. Même pas une seule seconde. Peut être n'était-ce pas la meilleure solution, mais je n'en pouvais plus d'être de n'être utilisé que pour toucher l'argent de l'état et de n'être traité que comme un moins que rien.