Contrairement à ce que l'on pourrait croire, tu n'es pas le portrait typique du délinquant qui a grandit dans des conditions misérables, au contraire tu proviens de l'autre côté de la traque, de la bourgeoisie. Tout ça, c'est grâce à ton padre. Il bosse pour une compagnie où, il est obligé de voyager à l'étranger. C'est à Porto Rico lors d'un voyage d'affaire qu'il rencontre une jeune femme porto ricaine, avec qui, il entretiendra une idylle durant tout son séjour. Mais au fil du séjour, cette idylle se transforme et des promesses se créées puis il lui promet qu'elle viendra vivre avec lui et qu'ils se marieront. Chose, qu'ils ont fait d'ailleurs après plusieurs mois d'attente et de démarche. Puis, après deux ans de mariage, t'es enfin arrivée dans leurs vie. Du coup, t'as du sang de porto ricain dans les veines et d'américain aussi. T'as grandis dans une famille aimante et t'as jamais manquée de rien. Personne n'aurait pu présager que tu te retrouves dans ce centre, personne et surtout pas toi. M'enfin, tu n'aurais jamais pensée te rendre jusque là. Parce que vois-tu, tout se corse lorsque tu deviens un peu plus vieille et que tes parents divorcent, t'es seulement âgée de huit ans. Ton père bossait souvent à l'extérieur laissant ta mère seule à la maison et ses longues absences vinrent à créer des tensions dans la maison, des tensions dont tu devins spectatrice. Puis, à huit ans, il est partie définitivement vous laissant derrière. La santé fragile de ta maman s'étiola et elle se creusa tranquillement un fossé qui graduellement fit une distance entre vous. Bientôt, tu devins presque l'adulte dans la maison, malheureusement offrir de telles responsabilités à un enfant, ça vient créer une pression énorme, une pression que tu as eu de la difficulté à gérer et ne sachant pas trop vers qui te tourner, t'as décidée de t'évader en fréquentant la rue. En déambulant comme une âme solitaire, une âme meurtrie tu croises des gens provenant de ce milieu et bientôt certains visages t'accueillent et tu ressens un baume de manière instantanée. Tu grandis parmi eux, et tu dois te résoudre à abandonner les bancs d'école pour tenter de te trouver un petit boulot pour payer les fins de mois. Ta mère est tellement dans son monde, tellement malade qu'elle ne remarque même pas tes absences ni lorsque tu rentres aux petites heures du matin après avoir errer dans les rues de la ville. Comment trouver un boulot alors qu'on est qu'une enfant? Les gens avec qui tu traînes te proposent de travailler pour eux. Bien sûr, t'es naïve, t'es qu'une enfant et t'acceptes sans prendre conscience de ce que cela implique. Puis doucement, ton boulot rapporte et tu peux vous nourrir ta mère et toi et évidemment vivre sous un toit. Tranquillement, tu gravis les échelons et te voilà maintenant avec ton petit réseau de trafique qu'étonnamment tu gères à merveille. Bien entendu, la drogue fait partie de ton quotidien alors du coup, il t'arrive que tu consommes un peu pour t'évader et l'addiction s'installe. T'es rendue maintenant à dix sept ans et dans un très court laps de temps. T'as appris avec le temps que tu ne devais pas te laisser marcher dessus que la façon de s'exprimer dans ton quartier s'est avec les poings serrés et en gueulant bien fort, chose que tu fais maintenant instinctivement et naturellement, trop naturellement d'ailleurs. Au moins, t'as ta "famille" sur qui tu peux compter, du moins c'est ce que tu croyais. Y'a de cela quelques mois, alors que tu t'apprêtais à faire un bon coup; Ton plan ne se passa pas du tout comme prévu et malheureusement cela se termina plutôt en sang. La première chose que t'apprend, c'est que t'es envoyée dans un centre avec d'autres adolescents ayant vécus diverses situations. Tu t'attendais à ce que ta "famille" soit présente pour t'épauler, mais étrangement ils semblent tous disparus de la circulation et ça te fou la haine. Ton but s'était pas qu'il est ce revirement de situation, tu souhaitais juste faire ton boulot comme à l'habitude et assurer sur ce coup. Malheureusement, tu sembles plutôt avoir reçu un coup dans la gueule, t'aimes pas cet endroit et le fait de te sentir enfermer. Pourtant ce centre t'offre des activités intéressantes du moins selon les dires des intervenants, mais toi t'en n'a rien à foutre. Tu tentes juste de te tenir à l'égard et de survivre en attendant de pouvoir sortir. Mais encore là, t'es confrontée à tes pulsions violentes et il t'arrive d'avoir des égards et tout ça. Mais t'as la rage, en fait tu l'as depuis le jour où ton père est partie, mais ça tu ne le dis pas. T'as cette putain de rage et tu es loin de savoir comment l'extériorisé correctement.  

Au début, t'étais jeune et tu te disais que c'était qu'une passade, qu'il allait finir par revenir à la maison. Mais finalement, t'as vite compris qu'il ne reviendrait pas, et t'as vécu ça comme une véritable trahison, un geste de lâcheté et d'ignorance. S'il serait rester à tes côtés? Tu penses que tout aurait été mieux, qu'il aurait pu épauler ta mère dans sa maladie et faire son rôle de père, te permettant à toi de vivre ta jeunesse de façon normale et de ne pas devenir adulte avant le temps. Peut-être que les disputes auraient continués à fusiller de partout, mais rendue là t'aurais acceptée la situation plutôt que de devoir vivre avec son absence sur ta vie.

La drogue c'est ton remède sur tes maux, sur ta douleur. Du coup, tu ne sais pas si tu vas réussir à t'en passer, ça fait peu de temps que t'es là et t'as l'impression de devenir folle, le processus de manque s'installe dans ton corps et elle rend ta vie infernale. Tu sais, que tu ne peux pas consommer cette merde entre ces murs, mais t'es brillante et tu vas t'organiser pour consommer autre chose au pire, des choses qui sont possible d'avoir accès. Tant que tu puisses geler tes émotions et ta douleur, le produit en tant que tel, tu t'en fous.

Évidemment, que tu souhaites partir de là. Tu ne comprends pas encore pourquoi, tu te retrouves là ou du moins tu joues la carte du déni, puis de toute façon t'étais pas toute seule dans ce plan foireux, c'est juste que t'as pas eu de chance comme les autres qui se trouvaient avec toi. Pour le moment, cette endroit tu ne le vois pas comme une bouée de sauvetage au contraire, tu le vois plutôt comme un sable mouvant qui ne fait que t'entraîner plus profond encore, tu le vois comme un noeud coulant avec lequel, il reste juste à te pendre.